Mais à quoi joue
[T]ékël ? Qu'est-ce que c'est que cette compilation de leur (si) jeune passé ? De quoi faire patienter ses auditeurs les plus assidus avant un prochain album sur lequel ils travaillent déjà ? De quoi arrondir les fins de mois ? De quoi satisfaire ceux qui n'avaient pu mettre la main sur leurs "vieux" titres sortis exclusivement sur galette ? Un peu de tout cela sûrement… mais qu'importe, oublions le pourquoi du comment et plongeons-nous dans cette retrospective.
Une chose d'abord : la pochette. On a en effet un sentiment partagé à sa vision… au début on se dit qu'"elle tripe", après qu'elle n'est pas si drôle, décalée voire même malsaine. Alors ça y est. Vous avez compris l'univers de nos deux trentenaires en un clin d'oeil, sans même sortir le CD. Car oui, leur élecro-house minimale teintée de rock est d'abord faite pour s'amuser, pour danser, hurler à tue-tête pendant le peak time d'un set explosif. Le trip est ici poussé à l'extrême puisque même les titres des tracks sont tout à fait délirants :
Snake Tartare, Bezu Christ, (Envie de) Sauce madere avec toi... Loïc et Julien ne se prennent donc pas au sérieux et cela se ressent sur leurs prod'... en apparence seulement.
Car derrière le côté furieusement festif et gentiment allumé de l'empreinte
[T]ékël, une part d'ombre subsiste. Et c'est là le deuxième effet kiss kool, comme le suggère la pochette avec ce fond d'un gris sévère. En y regardant de plus près, on entrevoit en fait les rouages d'une machine implacable. Les beats arrides et les sonorités purement électroniques (
Ridvo), la simplicité de ces mélodies lunaires, ces reminiscences rock, dangereusement new-wave (
Celeri Rave, Vladivostok), tout est fait pour obtenir un rouleau compresseur sonore qui carbonise les dancefloors. Car à l'instar du teckel, la musique des deux parisiens peut paraître guillerette à première vue mais demeure terriblement hargneuse en réalité.
Moins saturée et massive que celle que produisent les
Justice et autres
SebastiAn, elle parvient tout de même à ses fins avec très peu d'éléments. C'est la marque des grands, assurément. Le minimalisme est donc loin d'être mort et se rappelle au bon goût des clubbers avec cette compilation qui est finalement la bienvenue en ces temps de "musique maximale".
Chroniqué par
Fabien
le 07/09/2007